Les bénéficiaires de l’unité de réhabilitation sont de plusieurs ordres :
- Les victimes d’actes de violence, de traitements cruels, inhumains et dégradants, et de crimes sexuels ;
- Les personnes déplacées ou retournées ;
- Les personnes réfugiées ;
- Les détenus dans les prisons et les commissariats ;
- Les victimes de violences conjugales ou domestiques ;
- Les associations / OCB (Organisations Communautaires de Base) ;
- Autorités locales et coutumières.
Témoignages
Binta, 37 ans, Gambie :
Infirmière, je soignais régulièrement des détenus de la NIA (National Intelligence Agency, les services secrets gambiens). Après avoir refusé un jour de déclarer une mort naturelle pour une évidente victime de torture, ma vie est devenue un enfer, j'ai subi des intimidations, on a menacé mes proches. Quitter notre vie et nos proches pour le Sénégal est devenu la seule option possible".
A son arrivée au Sénégal, la famille de Binta a été accompagnée par le CAPREC dans leur procédure de demande d'asile. Ils ont également bénéficié d'un soutien financier pour la nourriture, les frais de transports, le loyer. Binta, qui présentait de lourdes séquelles post-traumatiques, a été suivie par le psychologue qui lui a fourni les médicaments nécessaires. Elle et son mari ont finalement été supporté dans le retour à une activité économique (vente de vêtements de seconde main, vente de poisson) générant un petit revenu bienvenu à leur vie précaire.
Quelques mois après la fin du régime Jammeh, c'est avec l'encouragement et l'appui financier du CAPREC que Binta et sa famille ont décidé d'un retour volontaire en Gambie.
Marie, 52 ans, Centrafrique :
En 2013, les rebelles Sélékas ont brûlé mon commerce et ma maison. Mon gendre a été tué sous mes yeux. Puis ma fille, mon petit-fils et moi avons été capturés et victimes de traite au Tchad pendant 4 ans".
A leur arrivée au Sénégal, Marie et ses proches ont été soutenus par le CAPREC pour l'obtention de leurs cartes de résidents et statuts de réfugiés. Marie est toujours suivie par le psychologue pour dépression liée à ses années d'épreuves et de maltraitance.
Samba, 31 ans, Gambie :
J'ai quitté la Gambie plusieurs mois après la disparition de mon père qui était un haut-gradé sous le régime Jammeh. Je sentais ma vie menacée au pays. C'est seulement 4 ans après, suite à la chute de Jammeh, que j'ai appris qu'il avait été tué; on ne sait toujours pas où est sa dépouille. Je ne suis pas prêt à rentrer, la peur est trop grande malgré la fin du régime".
Samba a été suivi par le CAPREC afin d'obtenir le statut de réfugié lui permettant de rester au Sénégal. Il est désormais conseillé et guidé vers d'autres structures l'aidant à trouver un nouveau pays d'accueil où sa langue et ses compétences lui permettront de trouver un emploi. Il bénéficie toujours du suivi psychologique du CAPREC pour l'aider à surmonter ses angoisses.
Awa, 29 ans, Sénégal :
Alors que j'étais enceinte de 6 mois, ma fille de 2 ans a été enlevée dans la nuit puis violée par une connaissance de mon mari".
C'est un an après les faits qu'Awa a franchi la porte de CAPREC pour demander une aide psychologique. Un soutien légal est actuellement mis en place pour la soutenir dans les procédures judiciaires à l'encontre du pédophile.
Ousmane, 40 ans, Ghana :
J'ai dû quitter le Ghana car je subissais des pressions suite à l'exil de mon père, militaire sous l'ancien régime. Après des années d'épreuves à travers l'Afrique et l'Europe liées à la précarité de mon statut, c'est grâce au CAPREC, que j'ai trouvé la stabilité".
Ousmane, déboussolé et présentant des signes de paranoïa après des années de persécution et de déplacements, bénéficie aujourd'hui du suivi psychiatrique et médicamenteux du CAPREC.